Editorial du Président

Sociétés de conseil en systèmes et technologies du numérique :
en 2024, que devient notre modèle ?

La FFCTIC, devenue ensuite FFSCN, avait été fondée en Octobre 2010 par Philippe Baussart, sur la base d’un modèle bien ancré de Société de conseil et d’AMO en technologies de l’information et de la communication pour les entreprises et les administrations. Ce modèle était fondé sur quatre principes inamovibles :

  1. L’expertise de ces technologies et des systèmes qui s’appuient dessus
  2. La proximité avec les Directions des systèmes d’information
  3. L’indépendance financière et de jugement au regard de tout intérêt industriel, de constructeurs, d’éditeurs, d’intégrateurs et d’Opérateurs : seul l’intérêt du client doit nous guider et seul lui nous rémunère.
  4. L’autorité du consultant sur les livrables qu’il produit (en ce sens qu’il en est bien l’auteur)

Ce modèle s’appuyait sur une charte de déontologie définissant les obligations de chacun de ses membres envers la Fédération mais également vis-à-vis de leurs clients finaux.

Qu’en est-il de ce modèle en 2024 ? Devrait-il évoluer ? être enrichi ? être simplifié ?

Et pourquoi au fond cette remise en question ?

Aujourd’hui, les technologies ont évolué, les domaines d’activité aussi, mais les principes fondateurs demeurent plus que jamais d’actualité, il y va de la cohérence de nos métiers de consultants et de notre intégrité.

Toutefois le modèle initial ne précisait pas si la société de conseil pouvait améliorer ses prestations à travers des outils garnissant la panoplie de ses consultants. Et dans la mesure où de tels outils ne contrevenaient ni aux principes fondateurs ni à la charte de déontologie de la fédération, alors il n’y avait pas de problème.

Or l’évolution et la multiplication de ces outils, fruit de la transformation numérique, constitue bien l’évolution majeure de nos environnements de travail depuis près de 15 ans. Et en la matière il y a un acteur nouveau dans le paysage : on le voit partout et on en parle tout le temps. Il s’agit de l’intelligence artificielle, qui a la capacité, qu’elle soit générative ou pas, de répondre à de nombreuses questions et d’articuler d’apparents raisonnements.

L’IA donc, puisqu’il faut bien la nommer, est une source de progrès considérable et au potentiel encore insoupçonné. Dès lors beaucoup utilisent l’IA sans se poser de questions.

Et le consultant alors ? Que doit-il faire ? Nous ne prétendons pas fournir de réponse exhaustive ni définitive à la question. Néanmoins, interrogeons-nous au regard des 4 principes fondateurs de la Fédération :

  1. Si l’IA remplace mon expertise de consultant, alors par qui vais-je être remplacé ? Un stagiaire ? Un alternant ? Au sein d’une société de conseil sans éthique, voire même directement à la main d’un client ?
  2. Si l’IA, impersonnelle par essence, m’éloigne de mon client, alors quid de la relation de proximité entre le client et le consultant ?
  3. Quid de l’indépendance de l’IA que j’utilise ? Les éléments qu’elle me fournit sont-ils indépendants de tout intérêt industriel ? Si oui, quelle preuve puis-en fournir ? Et si j’augmente mes tarifs sous prétexte que je produis plus de valeur ajoutée avec l’IA, quelle va être la réaction de mes clients ?
  4. Qu’est-ce qui prouve mon autorité sur le contenu que je produis ? Il semble nécessaire que tout consultant puisse bientôt devoir fournir des éléments de preuve. La réflexion doit être approfondie sur ce point.

L’actualisation des principes fondateurs et de la charte de déontologie et d’éthique de la FFSCN est un chantier hautement d’actualité pour les consultants que nous représentons.

Mais rien n’interdit au consultant, bien au contraire, de se poser les questions relatives aux limites de l’IA pour ses clients et de l’aider à y répondre.

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Eric Nizard

Président de la FFSCN
eric.nizard@lic.fr
+ 33 1 46 62 91 00
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